La filière bio est en souffrance. Depuis plus d’un an, le marché fait face à un retournement, fruit d’une inflation galopante sur l’alimentaire et de bouleversements dans les habitudes de consommation des Français. Dans ce contexte, depuis plusieurs semaines déjà, des voix s’élèvent afin de demander plus d’aides pour soutenir le bio en France, non sans dénoncer le manque de soutien du Gouvernement à l’ensemble de la filière.
Manifestement, les grandes fédérations de la bio sont en première ligne avec notamment la Fnab, ou encore le Synabio, mais aussi La Maison de la Bio, qui a adressé cette semaine une lettre en ce sens auprès de la première ministre Elisabeth Borne.
Après que cette dernière a annoncé en plein salon de l’Agriculture, au mois de mars dernier, une aide d’urgence de 10 millions d’euros pour l’agriculture bio, une pétition a été mise en ligne afin de dénoncer ce que les acteurs de la bio qualifient de « mépris de l’agriculture bio par le Gouvernement ».
Rappelons que la Confédération paysanne, la Fnab, FORébio ou encore le Synabio, avaient estimé le montant des aides nécessaires au maintien de la filière bio à 150 millions d’euros, tandis que La Maison de la Bio, qui réunit les principales fédérations et syndicats du secteur de la bio, estimait pour sa part que le secteur agricole bio avait en réalité besoin d’une aide de 300 millions d’euros.
La FNSEA veut un “plan massif”
Plus récemment encore, d’autres voix, plus inattendues, se sont faites entendre sur le sujet. Arnaud Rousseau, président récemment élu à la tête de la FNSEA, indiquait au micro de France Info, que l’État doit aider les producteurs bio par « un plan massif ». Face aux difficultés rencontrés par les producteurs bio, Arnaud Rousseau n’a pas hésité à critiqué le montant du fonds d’urgence de 10 millions d’euros annoncé par Elisabeth Borne, qui selon lui, « n’est pas à la hauteur de l’enjeu ».
Autre intervention, passée quasi inaperçue, celle du président du Groupement Les Mousquetaires, Thierry Cotillard sur la chaine Public Sénat à la fin du mois de mars, pour expliquer que l’État doit mettre en place un plan d’aides aux agriculteurs bio, « si on ne le fait pas, la conversion n’aura servi à rien, on fera marche arrière et l’on aura des exploitations en faillite », avait-il affirmé.
Moins de conversions vers le bio
Sur le terrain, aussi, les difficultés du secteur se font ressentir. La semaine passée, l’Agence Bio, chargée de promouvoir et de développer le bio en France, a publié ses chiffres sur le niveau des conversions en 2022 et ils sont parlant : l’an passé quelque 5 245 nouveaux producteurs bio ont été enregistrés contre 7 706 en 2021, soit une baisse de près de 32%.
Par ailleurs, le nombre d’arrêts de certification bio comptabilisés en 2022 atteint 3 380 contre 2 510 en 2021, ce qui représente ici une hausse de près de 35%. Et face à un tel constat, l’Agence Bio – dont la gouvernance a récemment évolué afin gagner en représentativité – appelle ainsi à « garantir un droit au bio ».
Le nouveau président de la FNSEA met les pieds dans le plat dès sa première rencontre avec Marc Fesneau
A plusieurs reprises, la rédaction de Plan B(io) a contacté le cabinet du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, pour connaître la position du ministre sur le sujet. Entend-il les multiples demandes de la filière, ou encore le sentiment de mépris que ressentent une part de plus en plus importante d’acteurs de la bio ? Quelles suites a-t-il l’intention d’y donner ? A quelle échéance… Pour l’heure, le cabinet nous a laissé entendre qu’une réponse à ces demandes viendrait, toutefois, nous n’avons reçu aucune réponse sur le fond.
Hier, mercredi 26 avril, la première rencontre entre Marc Fesneau et le nouveau président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, était programmée à l’agenda du ministre. Sur la base du communiqué de presse diffusé par la fédération à l’issue de cet entretien, le sujet de la filière bio a bel et bien été mis sur la table : « la discussion aura été utile pour rappeler nos demandes sur l’agriculture biologique, qui nécessite un plan d’aide ambitieux pour surmonter la crise », peut-on notamment y lire, parmi d’autres sujets brûlants pour l’agriculture en France.
Reste à savoir de quelle manière le ministre de l’Agriculture prévoit d’y répondre, si les demandes de la filière seront entendues et dans quelle mesure, dans un contexte où un soutien à la bio n’aura peut-être jamais été si crucial pour lui permettre, non pas de continuer à se développer, mais simplement de survivre à la crise qu’il traverse.