Simon Le Fur

Co-fondateur, Aventure Bio

Publié le 1 janvier 2021

Une trajectoire professionnelle teintée de fulgurance, et un aboutissement entrepreneurial marqué d’humilité et d’engagement. Lorsqu’il a lancé Aventure Bio en 2018, un grossiste spécialisé dans les jeunes marques biologiques, Simon Le Fur bénéficiait d’un bagage solide. Après un début de carrière au marketing du pure player de la chaussure, Sarenza, de 2009 à 2011, il passe sept années chez Greenweez, le spécialiste en ligne de la vente de produits bio. D’abord comme directeur marketing, puis au poste de directeur général. A son arrivée, Greenweez est encore une structure de taille modeste, et génère autour de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. A son départ, le site enregistre près de 45 millions d’euros de ventes. « Je mesure maintenant les efforts qu’ont déployé les équipes au lancement de Greenweez, et à quel point nous étions protégés par Romain – Romain Roy, fondateur de Greenweez, ndlr – qui portait des choses que les salariés ne soupçonnaient pas », raconte-t-il. Au cours de cette période, il peut mettre à profit son envie d’être inventif dans un cadre professionnel, et dispose de la liberté d’agir à laquelle il aspire depuis ses études en école de commerce à Lyon.

La bio de l’intérieur

De cette expérience, il retient aussi le caractère organique sinon aléatoire, de la dynamique humaine en entreprise. « J’ai appris à comprendre quelles sont les conditions, et les dispositions dans lesquelles les gens vont avoir envie de travailler », confie-t-il. En prime, il découvre l’univers de la bio de l’intérieur, avec ces individus passionnés, et nourris d’une envie de bâtir des histoires différemment. Avec une forme de militantisme aussi, et quelques belles success stories, notamment parmi les marques. Pour autant, il constate que beaucoup de jeunes marques ont des difficultés à émerger, et à être référencées soit dans les magasins des réseaux bio, soit dans les catalogues des grossistes. Parfois même au sein des deux. En 2016, tandis qu’il est à la direction générale de Greenweez, le groupe Carrefour rachète le pure player. « L’intégration avec Carrefour a été bien faite, le groupe fournissait de la latitude pour se développer et il y avait du sens par rapport à ce que Carrefour ambitionnait de créer », se souvient Simon Le Fur. Pour autant, ce dernier sait bien que la nature de ses fonctions est amenée à évoluer, et peu à peu, son quotidien s’éloigne de son envie profonde d’entrepreneuriat. Or, dans le même temps, il nourrit l’envie d’apporter sa pierre à l’édifice d’un monde qui s’inscrit dans une vision différente. Une vision encore plus engagée qui l’amènera à quitter Greenweez, pour donner naissance au cours de l’automne 2018 à Aventure Bio, grossiste d’abord, auquel il ajoute une activité d’agence pour accompagner les marques et les magasins dans leur développement sur le digital.

Deux activités à parts égales

Très vite, le nouvel entrepreneur, père de trois enfants, s’associe avec Emmanuel Landron, son meilleur ami, rencontré plusieurs années en arrière, lors de son passage chez Sarenza. Ensemble, ils font grossir Aventure Bio et dès le début de l’année 2019, l’entreprise s’étoffe, compte 4 collaborateurs, enregistre 10 commandes par mois et voit son activité de conseil accélérer fortement. Désormais, le chiffre d’affaires de la société est équitablement réparti à 50% entre l’activité de grossiste et 50% en faveur de l’agence. Aventure Bio compte 500 clients, en grande majorité des magasins bio, mais aussi des restaurants et des hôtels. Elle travaille avec une centaine de marques dont 60 en stocks. Une quarantaine d’entre elle fait partie de Tremplin Bio, son programme voué à donner de la visibilité aux jeunes marques, auprès desquelles les magasins peuvent acheter en direct. Son activité d’agence Web a connu une nette progression pendant la phase de confinement liée au Covid-19. Constatant les difficultés de certains magasins biologiques à rester ouverts, couplés à leur retard sur le digital, l’équipe d’Aventure Bio décide d’agir. « Les clients de ces magasins allaient faire leurs courses au drive des GMS, alors qu’ils les auraient réalisé dans leurs magasins spécialisés s’ils avaient été équipés d’une présence marchande en ligne », explique le fondateur d’Aventure Bio. Ils commencent par déployer le click&collect sur quelques magasins parmi les indépendants, et très vite, ce sont les magasins qui viennent à eux. Entre 50 à 60 magasins bénéficient aujourd’hui de la techno de click&collect déployée par Aventure Bio. Dont, par exemple, des points de vente de l’enseigne naturéO.

Changement de statut

Toujours dans la volonté de construire les choses différemment, au cours de l’été 2019, Simon Le Fur transforme l’entreprise en coopérative. « Ce n’est plus mon entreprise, c’est une approche plus collective. Désormais, elle est partagée au niveau des responsabilités, de la prise de décision, et de la pression aussi. C’est un modèle qui permet plus de transparence sur les profits mais aussi sur les salaires ». Plus récemment, il a intégré un jeune Think Tank qui rassemble des poids lourds de la bio comme le groupe Wessanen, Biocoop, Nutrition&Santé, Organic Alliance, Ecocert, Arcadie, ou encore Triballat Noyal. Un cercle de dirigeants qui nourrit de nombreuses réflexions dont une majeure à l’heure actuelle autour de la résilience alimentaire. Un sujet crucial dont le caractère vital a été remis sur le devant de la scène avec la phase de confinement qu’a traversé la France. Cultivant désormais l’idée d’une vie plus proche des besoins fondamentaux, Simon Le Fur a plus que jamais, conservé son envie d’agir, et continue de la mettre au service d’une bio plus engagée et résolument tournée vers l’avenir.