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Saisonnalité, prix du lait, poids du bio… Le patron d’Intermarché sur le grill

Thierry Cotillard, président du Groupement Les Mousquetaires a participé le 13 novembre à une masterclass devant un parterre de 300 étudiants, ingénieurs ou agriculteurs en herbe. Focus sur les temps forts de ces échanges.

Mis à jour le 21 novembre 2024
Saisonnalité, prix du lait, poids du bio… Le patron d’Intermarché sur le grill

A l’occasion des 8ème Assises de l’Agriculture et de l’Alimentation organisées à Cesson Sévigné (35) le 13 novembre, Thierry Cotillard, le patron d’Intermarché, s’est prêté au jeu des questions devant un parterre composé d’environ 300 étudiants. Parmi eux, plusieurs dizaines d’aspirants ingénieurs de l’Agrocampus Rennes, un établissement que Thierry Cotillard connaît bien puisqu’il en est diplômé.

Le dossier de la saisonnalité reste ouvert

« Je vois que certains de mes anciens profs sont venus », s’est-il amusé en préambule de son intervention. Les jeunes gens n’ont pas tardé à mettre leur aîné sur le grill. La première question émane d’un étudiant de l’Esa (Ecole supérieure des Agricultures), fils de maraichers bretons : le retrait des fraises et des cerises des rayons en hiver, un coup de communication ?« Peut-être », sourit le patron des Mousquetaires.

« Au-delà du symbole, nous avons une vraie responsabilité à réexpliquer la saisonnalité des fruits et légumes ». Ses équipes sont déjà prévenues qu’il n’hésitera pas à réitérer l’initiative sur des fruits ou des légumes plus contributeurs au chiffre d’affaires. Sur le sujet de la saisonnalité, le dirigeant presse ses concurrents, Leclerc, Carrefour et consorts, de lui emboîter le pas. 

Les industriels du lait sous pression

Autre sujet brûlant, ce message posté le 12 novembre sur les réseaux sociaux par Thierry Cotillard à l’intention de « certains industriels laitiers » annonçant que l’enseigne n’entamerait aucune négociation commerciale en l’absence d’accord avec les producteurs. « Les Mousquetaires tiendront-ils leur position ? », questionne ce jeune homme.

« Bien sûr qu’on va tenir nos positions, répond Thierry Cotillard. Il n’y aura pas de rendez-vous tant que le sujet n’aura pas été traité. Même si je sais que la situation est inconfortable pour nos acheteurs ». Comment les industriels ont-ils réagi à cette annonce ? « Plutôt mal. Je retiens quand même la promesse de Bel de maintenir pour 2025 notre accord tripartite mis en place en 2018 avec l’association des producteurs de lait Bel Ouest [environ 800 exploitations, ndlr] ». 

Le lendemain, le 15 novembre, Lactalis acceptait de lâcher du lest et de signer un accord avec l’Unell (éleveurs livreurs de Lactalis) prévoyant une revalorisation de 10 euros par 1 000 litres de lait et une prime RSE pour encourager les pratiques vertueuses en matière de bien-être animal et de réduction de l’empreinte environnementale. « Comme quoi… » a sobrement commenté Thierry Cotillard sur LinkedIn. 

Les ventes en bio repartent à la hausse

Retour sur la masterclass du patron d’enseigne avec cette question sur l’évolution récente de l’assortiment en bio et les ambitions du Groupe sur cette catégorie de produits. Dans un contexte, rappelons-le, où les ventes de produits labellisés AB en grande surface ont décroché de près de 7 % en volume sur les huit premiers mois de l’année

« Pour répondre très directement, on n’a pas rationalisé les assortiments. Le marché aujourd’hui pèse selon la typologie du point de vente entre 4 et 8 % du chiffre d’affaires total. On a vraiment pris une gamelle sur les deux trois dernières années – entre – 15 et – 20 % – mais c’est en train de repartir. On est sur des progressions en ce moment de 3 % à 4 % ».


« On a besoin d’un soutien plus massif de la part des politiques au profit des exploitations certifiées bio »

— Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires

Sur les derniers mois, Thierry Cotillard explique quand même avoir « calmé » les velléités de conversions des producteurs partenaires des Mousquetaires, tant la demande n’était pas au rendez-vous. « C’est quand même terrible que les agriculteurs les plus vertueux soient ceux qui se font le plus durement sanctionner par le marché ». 

L’offre locale appelée à se développer

En attendant que les consommateurs privilégient plus massivement le bio dans leur panier de course, Thierry Cotillard en appelle aux pouvoirs publics : « On a besoin d’un soutien plus massif de la part des politiques au profit des exploitations certifiées bio ». En 2025, l’enseigne entend maintenir le niveau de son assortiment de références AB. Le dirigeant d’Intermarché prévoit par ailleurs de doubler le nombre de partenariats avec les producteurs locaux (10 000 à ce jour).

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Erwan Le Fur
Journaliste - Partner

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