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[Réemploi] Enquête sur les initiatives de Cosmébio, Yves Rocher, Ibbeo et Le Fourgon

Pour réduire leurs emballages, les marques de cosmétiques se lancent dans la consigne et le réemploi.

Publié le 10 octobre 2024
[Réemploi] Enquête sur les initiatives de Cosmébio, Yves Rocher, Ibbeo et Le Fourgon



La nouvelle, très attendue par les équipes, est tombée il y a quelques jours. Les fonds de Citeo destinés à financer la poursuite du projet de réemploi initié par Cosmébio à l’automne 2022 et baptisé Cosm’Npack, seront bien débloqués. « A l’occasion de cette première phase, explique Magali Barbier, chargée de développement et animation réseau chez Cosmébio, nous sommes parvenus à mettre au point une boucle de collecte qui a fait ses preuves et surtout à démontrer l’efficacité de plusieurs process de lavages pour des emballages en verre mais aussi en plastique et en aluminium ».

Des taux de retour encore insuffisants

L’initiative Cosm’Npack a mobilisé dans sa première phase près de 70 magasins dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, comme ici dans ce point de vente La Vie Claire à Lyon (69).

Pour mener à bien ce projet, qui a embarqué une vingtaine de marques et 68 magasins (Biocoop et La Vie Claire) en Auvergne-Rhône-Alpes, l’association de cosmétiques bio s’est appuyée sur l’expertise de Ma bouteille s’appelle Reviens et Rebooteille, deux opérateurs locaux de la consigne qui disposent d’une unité de lavage mutualisée à Chabeuil, près de Valence (26). Si le bilan de cette première phase est jugé très positif du fait des avancées réalisées en matière de lavage, ses promoteurs restent sur leur faim en ce qui a trait aux taux de retour, évalués en moyenne à 10 %.

« On savait que ça serait compliqué, indique Magali Barbier, c’est l’axe prioritaire qu’on souhaite désormais travailler. Le réemploi est un nouveau geste. Charge à nous de trouver les outils pour améliorer le parcours client et faire en sorte que les consommateurs s’en emparent ».

Les initiatives telles que celle mise en place par Cosmébio sont de plus en plus nombreuses dans l’univers de l’hygiène et de la beauté. Il faut dire que la loi AGEC (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire) prévoit que d’ici 2027, 10 % des emballages mis sur le marché en France soit réemployés.


La marque Yves Rocher à l’assaut du réemploi

Le secteur de la cosmétique – « l’un des plus pourvoyeurs en déchets d’emballage à usage unique », souligne Célia Rennesson, présidente de l’association Vrac et Réemploi – n’échappe évidemment pas à la règle. Parties tardivement à l’assaut du réemploi, les marques n’ont plus beaucoup de temps pour définir le modèle qui leur permettra d’atteindre cet objectif. Et font feu de tout bois.

Yves Rocher Consigne
Depuis le 19 septembre, la signature bretonne teste le réemploi dans trois de ses magasins. Une quarantaine de références sont concernées pour un total de huit gammes.

Retour sur le terrain. Nous sommes à Rennes, le 28 septembre dernier dans l’un des trois magasins Yves Rocher de la capitale bretonne. Depuis quelques jours, une collerette figure à proximité des références de soins du visage : pour un soin conditionné en verre rapporté, la signature propose 1 € en carte cadeau. « On a déjà eu quelques retours », témoigne l’une des vendeuses présente dans la boutique.


A l’origine de cette nouvelle offre : la Coalition Cosmétiques & Réemploi, une initiative impulsée en novembre 2023 par Arnaud Lancelot, ancien dirigeant de Cozie reconverti dans le conseil et Jules Coignard, co-fondateur de la société Circul’R. Au total 10 marques (L’Oréal, Chanel, Pierre Fabre, Laboratoires SVR, Yves Rocher, Clarins, Melvita, La Rosée, Aroma Zone et Estée Lauder) et deux distributeurs (Nocibé et Sephora) ont dit banco pour mener une expérimentation à grande échelle 150 références ont été sélectionnées, dont 36 pour le seul laboratoire breton.

« Le test vient de démarrer dans trois boutiques Yves Rocher, deux à Paris et une à Rennes, précise Arnaud Lancelot. Il se déploiera à partir de la mi-octobre en pharmacie et dès janvier dans les parfumeries sélectives ». En tout, 50 points de vente ont fait le choix de participer. Principaux points d’attention pour l’entrepreneur : le taux de retour, la fluidité de la logistique, l’impact environnemental du modèle et in fine sa rentabilité.


Ibbeo se diversifie dans l’activité de lavage

Aux manettes du lavage, le collectif Coveco (Consigne Verre Cosmétiques), basé à Toulouse (31) et créé en 2021 par Vincent Bobo, fondateur de la société Ibbeo. Spécialisée dans la confection de cosmétiques à destination du réseau bio et zéro déchet (environ 200 points de vente), le fabricant, soutenu par Citeo, l’Ademe et la région Occitanie, s’est rapproché de Microsemi, propriétaire d’une technologie de nettoyage par ultrasons.

L’unité de lavage utilisée par Coveco a été développée par la société Microsemi et fonctionne aux ultrasons. Elle dispose d’une capacité de lavage de 400 000 pièces par an.

En sa qualité de laveur, Vincent Bobo est un observateur privilégié des projets de réemploi qui se lancent dans le secteur de la cosmétique : « Les grandes marques, qu’elles soient bio ou pas d’ailleurs, sont désormais prêtes à mettre des ressources face à la nécessité de développer le réemploi. Les équipes se staffent sur la traçabilité, la conception des emballages ou encore la qualité du process de lavage ».

Au-delà de son implication dans le projet de la Coalition, Ibbeo travaille avec plusieurs autres acteurs et alimente déjà une boucle de réemploi de 100 000 contenants à sa marque. « Environ 10 % des packs reviennent au sein de l’unité de lavage de Coveco », indique le dirigeant d’Ibbeo dont la marque a rejoint récemment le catalogue du Fourgon. Ce pure player spécialisé dans la distribution de produits consignés assure la livraison des produits et l’enlèvement des contenants vides au domicile de ses clients.

Le Fourgon s’ouvre aux produits cosmétiques

La marque Centifolia a mobilisé 480 unités de produits pour chacune des quatre références en test avec Le Fourgon. Les premiers retours produits sont attendus pour le début 2025.

De quoi booster les taux de retour qui en alimentaire sont supérieurs à 95 % assure le distributeur. « La grande majorité de nos emballages vides qui reviennent à Toulouse provient de cette boucle », confirme Vincent Bobo. Comme Ibbeo, nombre de marques ont fait le choix ces derniers mois de s’appuyer sur la logistique du Fourgon, quitte à développer elle-même le lavage.

C’est le cas de Centifolia par exemple qui depuis l’été propose sur le site du distributeur quatre références (trois shampoings et un gel douche) de 500 ml, conditionnées en verre. Des contenants développés pour l’occasion, à utiliser comme écorecharge avec le flacon pompe que Le Fourgon commercialise également en ligne.

« On attend les premiers retours de contenants pour le début de l’année 2025, anticipe Coralyne Landreau, cheffe de produit chez Centifolia. Comme il n’existe pas de laveur dans notre région capable de prendre en charge des emballages cosmétiques, on travaille actuellement sur une solution que nous avons-nous-mêmes mise au point ». Si l’essai s’avère concluant, la marque entend bien élargir son offre proposée en réemploi. Une énième possibilité pour les fabricants qui souhaitent s’essayer au réemploi.

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Erwan Le Fur
Journaliste - Partner
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