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[Rapport] L’Europe épinglée par la Cour des comptes sur l’inefficacité de son soutien à l’agriculture biologique

Publié le 25 septembre 2024
[Rapport] L’Europe épinglée par la Cour des comptes sur l’inefficacité de son soutien à l’agriculture biologique

« Lacunes », « incohérences », « objectifs hors de portée »… Dans son rapport concernant l’efficacité des politiques de l’Union européenne en soutien à l’agriculture biologique publié lundi 23 septembre, la Cour des comptes européenne ne mâche pas ses mots. Le document d’une soixantaine de pages pointe les faiblesses de la stratégie des états membres et le manque de vision au-delà de 2030. « L’Europe risque fort de ne pas atteindre son objectif de 25 % [de terres agricoles consacrées à l’agriculture biologique] d’ici à 2030 », affirme ladite étude. En 2022, seulement 10,5 % des terres étaient converties au sein de l’Union.

Des résultats disparates selon les états membres

Deux ans après un rapport du même acabit sur le « soutien insuffisant » de la France à la bio (relisez nos articles ici et ), l’audit réalisé à l’échelle européenne n’est guère plus flatteur. Reconnue comme la seule méthode de production règlementée « contribuant à améliorer la biodiversité et à réduire les pollutions de l’eau, de l’air et des sols », l’agriculture biologique est soutenue depuis les années 1990. Entre 2014 et 2022, les états membres ont injecté 12 milliards d’euros dans la cadre de la politique agricole commune (PAC) afin d’aider les agriculteurs à se convertir ou à maintenir des pratiques exemptes d’intrants chimiques. 15 milliards d’euros supplémentaires sont prévus jusqu’en 2027.

Fort de ce soutien, les avancées diffèrent d’un pays à l’autre à la faveur des ambitions et des plans d’actions de chaque état membre. L’Autriche est parvenue à convertir plus de 25 % de ses terres. La Suède, le Portugal, l’Italie, la Tchéquie et la Lettonie font également partie des bons élèves avec plus de 15 % de surfaces dédiées au bio. A l’inverse, l’agriculture biologique pèse moins de 5 % aux Pays-Bas, en Pologne, en Bulgarie, en Irlande, en Belgique ou à Malte. Avec près de 2,8 millions d’hectares bio, soit 10,4 % de sa surface agricole, la France pointe à la quinzième place.

Un manque d’objectifs quantifiables sur le marché

Parmi les griefs, les auteurs du rapport dénoncent plusieurs incohérences dans l’attribution des fonds européens, en contradiction avec les objectifs environnementaux. Le rapport souligne par exemple la possibilité pour un agriculteur de bénéficier d’une aide malgré le non-respect de normes relatives à la rotation des cultures ou au bien-être animal. Il déplore également l’absence d’objectifs quantifiables autre que la surface agricole dédiée à l’agriculture biologique, tels que des indicateurs en lien avec la consommation.

« Pour un succès durable, il ne suffit pas de se focaliser sur l’accroissement de la superficie des terres cultivées en bio. Il faut également soutenir le secteur dans son ensemble en développant le marché et en augmentant la production », a déclaré Keit Pentus-Rosimannus, membre de la Cour responsable de l’audit. « Sans cela, nous risquons de créer un système déséquilibré entièrement dépendant des fonds de l’UE, plutôt qu’une activité prospère, portée par des consommateurs avertis ». Et le rapport de conclure, que pour atteindre l’objectif de 25 % d’ici 2030, le rythme de conversion sur le terrain doit tout simplement doubler.

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Léa Lesurf
Journaliste - Partner
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