Un frein historique à la consommation des produits bio est-il peu à peu en train de sauter? Parmi les Français, 73% d’entre eux considèrent que les produits biologiques sont trop chers, c’est encore une majorité mais, entre 2019 et 2020, c’est 7% de consommateurs de moins qui ne perçoivent plus le prix comme la principale barrière à la consommation de produits bio.
Selon le 18e baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France réalisé par Spirit Insight pour l’Agence Bio, parmi les consommateurs occasionnels de bio, cette proportion est également en baisse, de 5%. Autrement dit, pour les acteurs du bio en France il y a encore du travail pour donner aux consommateurs les clefs pour comprendre les différences de prix, mais la dynamique déjà entreprise autour des prix semble porter ses premiers prix.
Selon Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio, plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette nouvelle tendance. D’une part, “les consommateurs comprennent mieux les coûts engendrés par l’agriculture biologique”, et d’autre part, “certains réflexes permettant de baisser le coût de la consommation de produits bio sont acquis. Ils peuvent porter sur le fait de cuisiner davantage, de consommer moins de produits emballés, et de réduire le gaspillage alimentaire. Enfin, c’est aussi le résultat de la bonne image du bio en matière de préservation de l’environnement, de bénéfices pour la santé, mais aussi de créations d’emplois”.
Toujours plus d’adeptes
Autre grand enseignement de l’étude, les bouleversements liés à la Covid-19 n’ont pas enrayé la croissance du bio. Le nombre de nouveaux consommateurs de produits bio en France a continué à progresser, et la famille des consommateurs bio s’est étoffée de 15 % de nouveaux venus (contre 16% en 2019). Désormais, 9 consommateurs sur 10 achètent des produits biologiques. De plus, près de trois quart des Français en consomment au moins une fois par mois dont 13 % tous les jours : manger bio est désormais ancré dans le mode de vie de la majorité des Français.
Par ailleurs, les produits bio séduisent de nouveaux profils parmi lesquels les jeunes, les employés et les ouvriers sont surreprésentés, preuve que le bio devient accessible à un plus grand nombre de Français.
La santé reste la motivation numéro une
Encore et toujours, c’est la volonté de préserver sa santé qui reste le principal facteur incitatif à consommer bio : la crise sanitaire n’a pas impacté ce score qui est similaire à l’année dernière (29% vs 30%). Une volonté qui s’inscrit dans la durée et qui arrive en tête des raisons actuelles de consommer pour 61% des consommateurs bio.
Les plus jeunes, quant à eux, sont sensiblement plus attirés par la protection de l’environnement comme clé d’entrée au bio (19 % pour les 18-24 ans vs 12 % pour l’ensemble sur ce critère). Une volonté qui s’affirme par la suite puisqu’ils sont 62 % à consommer bio actuellement pour cette raison (vs 48 % des consommateurs bio). Parmi les autres critères à consommer bio, on note une progression de la disponibilité des produits bio dans leurs lieux d’achat habituels, résultat tiré à la hausse par les séniors, ainsi que les raisons éthiques et/ou sociales, relayant les bénéfices produits (et en particulier gustatifs) au second plan (37 % de citations vs 51 % l’an passé).
Le goût, premier critère d’achat
La quasi-totalité des consommateurs recherchent avant tout la valeur gustative des produits bio et sont 96 % à définir ce point comme critère de choix d’achat important et 98 % chez les 50-64 ans.Et pour 9 consommateurs sur 10 restent des critères d’achat déterminants :- l’origine française des produits bruts (92 %),- la restriction des additifs (91 %),- la fabrication française du produit (9 1%), – le prix (91 %), – l’origine locale/régionale (90 %).8 consommateurs sur 10 attachent également une forte importance à la garantie :- d’une rémunération juste des producteurs, – du bien-être animal
Des produits préservant l’environnement
Globalement, l’image des produits biologiques demeure très positive. En effet, les Français saluent :- leur impact positif sur l’environnement (86 %),- leur caractère « plus naturel » (sans produit chimique de synthèse) (82 %), – les bénéfices sur la santé (82 %),- leurs qualités nutritionnelles préservées (72 %),- une source d’emplois (71 %)
Moins d’achats en grandes surfaces à la faveur des circuits courts
S’agissant des habitudes d’achats des consommateurs, l’étude a permis de mesurer les changements qui ont été opérés. Et le premier d’entre eux porte sur le fait d’avoir privilégié les produits locaux et les circuits courts (59% des citations). Une modification qui semble avoir impacté plus largement les circuits de distribution commercialisant du bio. En effet, jusqu’à présent, les progression des produits bio dans la consommation française était tirée par la grande distribution, “mais pour la première fois, ça baisse”, relève Philippe Henry, président de l’Agence Bio.
En parallèle, le drive de la grande distribution a tiré son épingle du jeu, avant et pendant le confinement. Sans surprise, pendant le premier confinement, la baisse de fréquentation est notable pour l’ensemble des circuits de distribution physiques : les Français ont ainsi pu découvrir de nouveaux canaux de distribution. Par ailleurs, la vente et les commandes en ligne parviennent à maintenir la même fréquence d’achat qu’avant la crise. Les plateformes locales regroupant des producteurs locaux attirent au premier confinement le même taux de fréquentation que le drive. Les AMAP, soumises à un système de commandes régulières, semblent avoir été moins impactées pendant le confinement sur leur niveau de fréquentation, preuve du soutien des consommateurs.
De plus, 1 consommateur sur 10 n’est pas retourné acheter des produits bio en GMS après le confinement. De nouveau, ce sont les séniors qui ont été plus nombreux que l’ensemble des consommateurs bio à poursuivre leurs achats en vente directe (chez les producteurs locaux) et au marché. Ils sont, en effet, les premiers à prôner leur soutien aux petits producteurs.A la sortie du premier confinement en mai, les consommateurs bio sont encore 1 sur 10 à déclarer avoir de nouveaux lieux d’achat, sans pour autant acheter moins de produits bio qu’avant le confinement. Ce résultat laisse présager que ces comportements d’achat vont perdurer.
Pas d’impact du budget sur les intentions d’achat
Malgré le contexte économique lié à la crise sanitaire et la baisse du pouvoir d’achat pour certains Français, la part du budget consacré aux produits bio reste stable pour 53 % de la population. Pour les personnes sans activité, le budget consacré a légèrement diminué (8 % vs 6 % pour l’ensemble), ou est resté stable (57 % vs 53 % pour l’ensemble)