Pierrick De Ronne, défenseur d’une bio radicale
Portrait

Pierrick De Ronne

Président de Biocoop
« Ce qui m'anime, c'est que la voix de chacun et chacune soit libre, que tout le monde s'écoute pour construire un sens commun, tout en dépassant les intérêts de court terme pour chercher une vision à long terme. »
Publié le 19 janvier 2022

S’il est des costumes que l’on endosse volontiers, il en est d’autres dont l’on hérite plus par la force des choses, mais avec lesquels il convient tout de même s’accommoder. C’est peut-être là, l’apanage de celles et ceux qui passent de l’ombre à la lumière, et avec lequel Pierrick De Ronne a appris à composer depuis qu’il a pris la présidence de Biocoop, en 2019.

Succédant à Claude Gruffat après 15 années passées à la tête de la gouvernance de la coopérative, Pierrick De Ronne est rapidement parvenu à asseoir son propre style. D’aucun pourrait le qualifier de sobre, mais il est surtout réfléchi, et de son apparence très calme, l’on devine en filigrane une grande détermination portée par une confiance vraisemblablement indéfectible dans le projet Biocoop.

Il faut dire que sa relation avec la coopérative ne date pas d’hier, et a probablement contribué à forger sa conception du commerce, dans sa forme coopérative. Elle remonte à 2009, lorsqu’il est recruté comme responsable de magasin au sein de la Biocoop d’Annonay. Transformée en scop en 2014, cette TPE dont Pierrick De Ronne est – là aussi – président, a depuis donné naissance à deux autres magasins, l’un à Bourg-Argental, l’autre à Saint-Étienne en 2017. Résolument, ces trois magasins qui totalisent une quarantaine de salariés contre 3 lors de son arrivée, font aujourd’hui sa fierté.

Rodé au modèle coopératif

Élu par ses pairs à différents mandats au sein de commissions régionales de l’enseigne, à partir de 2011, et au Conseil d’Administration national en 2016, il peut se targuer de connaître les rouages de la coopérative dans ce qu’elle a de plus politique, mais aussi de plus commerçant, à travers ses magasins. Cela n’aura d’ailleurs pas échappé au Conseil d’administration de Biocoop, qui l’a aussi choisi pour être le visage public de la coopérative. « J’incarne une synthèse entre une bonne connaissance de la coopérative avec mon expérience de la Scop, mais aussi dans la coopération internationale, et en même temps, une culture entrepreneuriale de la gestion, avec la volonté d’amplifier le mouvement coopératif pour répondre aux défis qui nous attendent dans ces prochaines années », explique-t-il.

Désormais, il multiplie les casquettes : en charge de l’animation de la coopérative à travers son conseil d’administration composé de 13 administrateurs, il a aussi un rôle de vigilance stratégique sur les orientations suivies par l’enseigne. Autre attribution avec laquelle il doit désormais composer, la prise de parole au nom de l’enseigne, notamment auprès des médias. « Je suis plutôt une personnalité de l’ombre. Au départ c’était un peu contre-nature pour moi, mais je commence à apprécier cela et c’est plutôt facile de le faire pour Biocoop, je n’ai pas à me renier », confie-t-il.

Au service d’une bio engagée

Au-delà de Biocoop, Pierrick De Ronne est une personnalité très engagée dans l’univers de la bio spécialisée, dont il est l’un des porte voix. Il est notamment président de la fédération des transformateurs et distributeurs bio, Natexbio, ou encore de La Maison de la Bio, qui rassemble les syndicats les plus puissants du secteur bio en faveur de la protection des valeurs qui l’animent. « Je porte une partie de la voix de la bio en tant que projet de société », défend Pierrick De Ronne.

Militant, il l’est assurément, au service d’un projet politique porté par Biocoop, assumé pleinement en tant que tel. C’est d’ailleurs un parti pris et un positionnement de l’enseigne auquel il adhère particulièrement, notamment lorsqu’ils s’incarnent concrètement de la manière la plus extrême. « Ce qui me fait le plus plaisir quand je vois Biocoop avancer, c’est la logique de radicalité. Nous sommes capables de prendre des décisions radicales, comme lorsque nous avons décidé d’arrêter de vendre des eaux en bouteilles. Aussi, nous travaillons sur le 100% origine France pour les produits à marque Biocoop, et nous y parviendrons. La force de Biocoop s’incarne là, avec des décisions contre-intuitives pour une visée court termiste ».

Quatre années en Afrique

S’il a à cœur de voir grandir et continuer de s’étendre le modèle de la coopérative Biocoop, Pierrick De Ronne n’en n’oublie pas pour autant les valeurs plus humaines, qui ont notamment marqué ses débuts professionnels. En effet, après avoir décroché une maîtrise d’Économie, il s’est engagé dans une expérience de volontariat, ce qui l’a amené à gérer un hôpital au Cameroun pendant deux ans. Une fois rentré en France pour valider un master en sciences politiques, il s’est investi deux années durant, dans un projet d’accès aux médicaments pour les patients atteints du VIH au Niger.

Ce rapport sensible à l’humain, laisser apparaître une fibre humaniste, même s’il ne l’évoque que du bout des lèvres. Au risque de grossir le trait, elle pourrait être transposable à la conception de son rôle chez Biocoop : « Tout l’enjeu pour moi est d’être vigilant à ce que Biocoop ne devienne pas un système qui crée du mal-être parmi toutes les parties prenantes, confie-t-il. Ce qui m’anime c’est que la voix de chacun et chacune soit libre, que tout le monde s’écoute pour construire un sens commun, tout en dépassant les intérêts de court terme pour chercher une vision à long terme. C’est aussi ce que l’on doit installer le plus possible dans la société ».

Dénonçant les effets de postures, les intérêts cachés ou encore les visées électoralistes de personnalités politiques à peine enclines d’évoquer les sujets environnementaux dans leurs discours, il déplore aussi une société qui parfois, « manque cruellement d’humanité ». Encore à mille lieux d’imaginer ce qui pourrait bien advenir si son mandat à la présidence de Biocoop n’était pas renouvelé, Pierrick De Ronne exclut, pour l’heure, tout engagement politique et concède son incertitude à trouver une autre entreprise porteuse d’un projet comme celui de Biocoop. Père de 4 enfants, sensible à la question migratoire, sa famille a accueilli pendant 8 mois un jeune migrant, mineur isolé. Cela illustre aussi qu’il n’exclut pas, peut-être, un jour, de revenir à ses premières amours, les ONG humanitaires, confessant avoir toujours été attiré par le sens profond de ses actions.

François Deschamps
Rédacteur en chef de Plan Bio

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