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PAC : la Fnab ne lâche pas le morceau et détaille la réduction des aides octroyées aux agriculteurs bio

Mis à jour le 12 octobre 2021
PAC : la Fnab ne lâche pas le morceau et détaille la réduction des aides octroyées aux agriculteurs bio

La partie de ping-pong continue entre la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), et le ministère de l’Agriculture. Il y a 15 jours de cela, les agriculteurs et les agricultrices bio se mobilisaient à l’échelle nationale afin de contester les arbitrages réalisés par le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, dans le cadre de la répartition des aides octroyées aux agriculteurs pour la prochaine politique agricole commune de l’Europe, et qui déboucheraient sur des réductions drastiques d’aides dédiées à l’agriculture biologique.

La mobilisation de la Fnab mais aussi des réseaux régionaux d’agriculteurs bio, la Confédération paysanne ou encore de Greenpeace, ayant bénéficié d’une bonne caisse de résonance médiatique, le ministre de l’Agriculture avait réagi dans la foulée en indiquant sur son compte Twitter qu’il n’était « pas question de baisser les enveloppes bio. Au contraire, au niveau national, les enveloppes au revenu restent stables et celles dédiées au bio augmentent de 30% ». De plus, selon le ministre, les chiffres mis en avant par la Fnab démontrant la baisse du montant des aides auxquelles pourront prétendre les producteurs bio, sont des contre-vérités et reposent sur des calculs biaisés : « Je l’ai dit hier à son président qui n’a pas su me démontrer le contraire », avait-t-il notamment tweeté la semaine dernière.

De 202 euros en moyenne par hectare à seulement 70 euros

La Fnab ne pouvait en rester là et, bien décidée à ne pas laisser le dernier mot à Julien denormandie, en a remis une couche cette semaine en détaillant la méthode de calcul qui montre une baisse des aides dédiées à l’agriculture bio, de -66% chaque année pour un hectare de terres cultivées.

Pour en arriver à cette estimation, la Fnab indique qu’aujourd’hui, comme l’ensemble des agriculteurs, les « bios » ont accès d’une part à une aide environnementale appelée « paiement vert », correspondant à une moyenne de 80 euros par hectare et par an. D’autre part, parce qu’ils vont beaucoup plus loin dans la protection de l’environnement, ils ont accès à une autre aide dédiée à la pratique de l’agriculture biologique, soit en moyenne, 122 euros par hectare et par an.

Seulement voilà, pour les agriculteurs bio, « ces deux dispositifs disparaissent dans la prochaine PAC et sont remplacés par le paiement d’un ‘éco-régime’ d’un montant de 70 € par hectare et par an », au même titre – et au même plan – que les exploitations bénéficiant du label Haute Valeur Environnementale (HVE). 70 euros demain contre 202 euros aujourd’hui, par hectare et par an, on arrive donc à une baisse de -65,3%, pour être précis.

Priorité aux agriculteurs en conversion vers le bio

Alors comment expliquer que le ministre de l’Agriculture affirme, au contraire, que l’enveloppe dédiée à la bio en France va augmenter de 30% ? Simplement parce qu’il fait référence ici au budget destiné à financer les terres en conversion vers l’agriculture biologique. L’aide à la conversion est une aide de 5 ans destinée à compenser les manques et surcoûts liés à la transition vers l’agriculture biologique. « C’est une aide qui s’adresse aux agriculteurs conventionnels qui veulent franchir le cap. Elle vient compenser la perte de rendements, les transformations techniques et les surcoûts liés au mode de production bio et l’absence de valorisation au prix bio les 2 premières années, Cette enveloppe ne sera dépensée que si l’AB reste attractive ! », précise la Fnab. Julien Denormandie propose ainsi, au global, une enveloppe de 340 millions d’euros par an pour la bio contre 250 millions aujourd’hui.

Un rapide calcul montre qu’entre les cinq années qui s’écouleront de 2023 à 2027, l’enveloppe dédiée à la bio – conversions comprises -, s’élèverait donc à 1,7 milliard d’euros pour un budget total de la PAC, à l’échelle hexagonale, de 43,7 milliards d’euros, soit… 3,8%. Si l’on met ce chiffre en regard avec la part de SAU bio dans la SAU globale en France, qui s’élève à 8,5% en 2019, de fait, on peut légitimement s’interroger sur un éventuel décalage entre les ambitions qu’affiche la France pour l’agriculture bio et les moyens qu’elle décide réellement d’y allouer.

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François Deschamps
Rédacteur en chef de Plan Bio

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