Guy Derberdt tire la sonnette d’alarme. Le changement climatique éreinte les récoltes de cacao : les rendements dévissent, les stocks s’épuisent et les prix explosent. Une situation appelée à durer ? C’est fort probable, selon le dirigeant de Kaoka.
Le réchauffement climatique est la principale cause expliquant l’augmentation des prix du chocolat. La récolte de fin d’année en Côte d’Ivoire et au Ghana, les deux plus importants pays pourvoyeurs de cacao (60 % de la production mondiale), a été mauvaise avec des baisses en volume de 20 à 30 %. Le cours mondial a immédiatement été impacté. C’est la troisième année consécutive que les cultures souffrent des sécheresses mais aussi de l’excès de pluie. Conséquence : les stocks baissent et les acteurs sont moins en capacité d’amortir les déficits d’approvisionnements.
Parce que c’est la bourse mondiale qui donne le « la » sur le prix, qu’on travaille comme nous en direct auprès des producteurs ou bien qu’on soit un trader international de chocolat conventionnel. Nos prix d’achat sont certes supérieurs au cours parce que le cacao qu’on source est bio et équitable, mais ils y sont étroitement corrélés. En cas de hausse, on se doit de les répercuter dans le prix versé aux producteurs. A défaut de quoi, on prendrait le risque de perdre en approvisionnement.
Le prix du cacao a commencé à doucement augmenter en 2023 du fait des inquiétudes sur les récoltes de fin d’année en Côte d’Ivoire et au Ghana. De 2 600 € la tonne en janvier 2023, le cours a grimpé à 3 000 € en avril et à 3 700 € en septembre. L’emballement s’est produit dès le début de l’année 2024. Au premier trimestre, le coût du cacao sur le marché mondial s’est élevé en moyenne à 6 000 €. Il était de 9 400 € au deuxième trimestre avec un pic record en avril de 11 400 €. Ces derniers mois, il oscille entre 7 000 et 8 000 € la tonne.
On a passé une petite hausse au début de l’année 2024 pour absorber l’augmentation des couts en 2023. On a ensuite subi l’explosion du marché de plein fouet car nos producteurs sont payés en temps réel sur la base du cours mondial. Nous fonctionnons avec un stock qui varie de quatre à six mois. Le 1er juillet, nous n’avons eu d’autre choix que d’augmenter nos tarifs de 30 %.
Ces hausses s’expliquent facilement, il suffit de regarder l’évolution de la courbe du prix des matières premières. Les distributeurs sont d’autant plus compréhensifs que certains d’entre eux sont aussi directement impactés par la situation sur leur MDD.
Le changement climatique impacte l’ensemble de la production. En Équateur, au Pérou ou encore en République dominicaine, les exploitations bio ne sont pas épargnées. En Côte d’Ivoire et au Ghana, les plantations sont vieillissantes, de moins en moins productives et clairement pas adaptées à l’évolution des températures et de la pluviométrie. On parle du prix aujourd’hui mais la vraie question qui se profile est celle de la disponibilité de la matière. Pour preuve, notre service BtoB croule depuis quelques semaines sous les sollicitations d’acteurs qui ne parviennent plus à se fournir en cacao bio. Du jamais vu.
Je n’ai pas encore tous les éléments pour répondre à cette question. Je ne sais pas par exemple quel a été l’impact de nos augmentations de juillet sur les ventes. Une chose est certaine : ma volonté est de préserver les prix tels qu’ils sont aujourd’hui.
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