Depuis le début de l’année 2024, nombreuses sont les enseignes à avoir renoué avec la croissance. Depuis Biocoop, en passant par La Vie Claire, Naturalia, Les Comptoirs de la Bio, Biomonde, Accord Bio, Koalibio ou encore Le Grand Panier Bio, toutes ont vu leur chiffre d’affaires progresser, dans des proportions peu ou prou comparables.
A fin mai, les ventes de La Vie Claire ont ainsi bondi de 8,3 % quand les magasins du réseau Biomonde ont terminé le premier semestre sur une croissance de 8% à périmètre constant. « Depuis le début de l’année, notre chiffre d’affaires a augmenté de 6 % avec une inflation jugulée à seulement 1 % », témoigne pour sa part Bertrand Pérot, le patron de l’enseigne Le Grand Panier Bio.
Des volumes qui repartent à la hausse
Le regroupement d’indépendants Koalibio revendique quant à lui des ventes en hausse de 10 %. Idem pour Biocoop. « Vu l’état du marché bio il y a encore quelques mois, on ne s’attendait pas à une telle progression », explique-t-on chez le numéro un de la bio spécialisée qui n’hésite pas à évoquer un « regain d’intérêt des Français pour les considérations environnementales ».
Plus évocateur encore que la hausse des chiffres d’affaires, les volumes de ventes repassent progressivement dans le vert. C’est le cas notamment chez La Vie Claire, Biocoop ou encore Biomonde. A fin juillet, l’enseigne dirigée par Philippe Poniewira rapporte par exemple des volumes en hausse de 3,4 %, portés cette année encore par de très belles ventes au rayon des fruits et légumes. « On a repris de la clientèle et les volumes suivent », confirme Bertrand Pérot.
Autre motif de réjouissance : les sommes dépensées par la clientèle des magasins bio affichent elles aussi de belles progressions (+11 % à CAM P7), selon les données de Biotopia Insight, qui écarte la possibilité d’un effet inflationniste.
Le travail sur les prix porte ses fruits
Les bonnes performances constatées à l’issue du premier semestre 2024 sont multifactorielles. Citons d’abord la contraction du parc de magasins, consécutive à la crise des deux dernières années, qui a mécaniquement resserré la consommation sur des points de vente moins nombreux et plus performants.
La diminution de l’offre bio dans les linéaires de la grande distribution est un autre facteur permettant d’expliquer la relative bonne santé du réseau spécialisé. « Au cours des huit premiers mois de l’année, la part de produits AB dans l’offre des grandes surfaces a diminué de 8 % en moyenne, toutes enseignes confondues », confirme Emily Mayer, directrice des études chez Circana dans une récente interview. Sur le premier semestre 2024, le panéliste estime que le chiffre d’affaires issu du bio a chuté de 5,3 % pour des volumes en baisse de 7,4 %.
Le travail sur les prix a aussi porté ses fruits. Pas une enseigne spécialisée ne dira le contraire. De fait, toutes se sont attelées à travailler le sujet. Et toutes ont pu constater dans quelle mesure ce travail leur a permis de traverser la crise sans perdre trop de plumes. « La question des prix s’est peu à peu démocratisée parmi les spécialistes », convient Aude Sivel, vice-présidente du réseau de magasins indépendants Accord Bio.
Le leader du secteur Biocoop vient par exemple d’annoncer une nouvelle vague de baisse tarifaire sur 160 produits qui viennent compléter les 150 références du quotidien à « prix engagés » que l’enseigne propose déjà à sa clientèle. Le tout soutenu par une campagne télévisée sur les chaînes à grande audience du groupe France Télévision.
Le non alimentaire toujours en déshérence
Reste la question du non alimentaire qui d’après la dizaine d’enseignes que nous avons interrogées continue irrémédiablement de chuter. « On est à – 8 % cette année sur le rayon mais c’est une baisse qui s’ajoute à celle de l’année dernière ou encore de l’année précédente », rapporte Philippe Poniewira. Et si le non al pèse de façon minoritaire dans le chiffre d’affaires des magasins bio, il demeure un contributeur important à la marge des magasins. « On fait 14 % de notre chiffre sur ce rayon mais c’est en partie grâce à cette activité qu’on peut financer nos petits prix », témoigne un dirigeant de magasin.
Conseils insuffisants, prix trop élevés, offre pléthorique, concurrence acharnée du réseau de pharmacies… Les causes de cette désaffection dans l’univers non alimentaire sont connues des acteurs. Il reste à mettre en place les mesures qui permettront d’inverser la tendance. Pour nombre d’enseignes, ce chantier compte parmi les dossiers prioritaires.
François Deschamps avec Erwan Lefur