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Agriculture biologique : les conversions baissent et les arrêts de certification progressent en 2022

Mis à jour le 25 avril 2023
Agriculture biologique : les conversions baissent et les arrêts de certification progressent en 2022

C’est un constat alarmant pour l’agriculture biologique française. Tandis que les conversions d’exploitations vers le bio ont ralenti en 2022, les arrêts de certification ont, dans le même temps, augmenté. Selon les dernières données publiées par l’Agence Bio, l’an passé quelque 5 245 nouveaux producteurs bio ont été enregistrés contre 7 706 en 2021, soit une baisse de près de 32%.

En outre, le nombre d’arrêts de certification comptabilisés en 2022 atteint 3 380 contre 2 510 en 2021, ce qui représente une hausse de près de 35%. « Parmi les arrêts de certification enregistrés en 2022, il apparait que la moitié des arrêts relève de départs à la retraite, et non changement dans le choix de conduite de la ferme », tempère l’Agence Bio, soulignant aussi que le solde entre les arrivées (9%) et les sorties du bio (5,8%) reste toutefois positif.

Pour autant ces indicateurs illustrent un véritable coup de frein dans la dynamique des conversions. « A l’heure où se discute le Pacte-Loi d’Orientation Agricole (PLOA), et alors que la Cour des Comptes souligne combien l’installation est un moment clef pour garantir la transition, l’Agence Bio appelle à garantir un droit au bio, pour assurer la relève et réussir les nécessaires transitions agroécologique et alimentaire », explique l’Agence d’État dans un communiqué de presse.

Jusqu’à 50% de candidats à l’installation souhaitent s’orienter vers le bio

Déplorable, cette situation l’est encore davantage au regard de l’intérêt que portent les nouveaux entrants pour l’agriculture biologique. En effet, parmi les installations suivies par les Chambres d’Agriculture, il ressort qu’entre 30% et 50% des candidats à l’installation souhaitent s’orienter vers le bio. Cette proportion dépasse 40% en Auvergne-Rhône-Alpes, en Bretagne, en Occitanie et en Nouvelle- Aquitaine.

Considérées comme de véritables marqueurs de l’intérêt des nouveaux agriculteurs pour le bio, ces données montrent aussi le caractère stratégique de l’agriculture biologique dans un contexte où une vague de départs massifs à la retraite des agriculteurs va s’opérer dans les 10 années à venir. Pourtant, « Bien trop souvent les producteurs voulant passer à l’agriculture biologique en 2022 se sont retrouvés freinés par les acteurs du marché arguant que le marché n’était plus là pour les accueillir, faute de demandes des consommateurs », note l’Agence Bio.

Soutenir les installations mais aussi la demande

Face à cette situation, et dans un contexte d’inflation durable, l’Agence Bio plaide pour soutenir “le droit au bio”, et en même temps, d’accueillir les jeunes agriculteurs qui en manifestent l’envie, à se lancer dans la production de denrées biologiques, facteur clé d’une transition agroécologique réussie. « Pour cela il faut soutenir la demande en bio et inviter chacun à prendre part à la transition alimentaire », indique l’Agence Bio, qui juge en outre qu’il faut informer massivement sur les fondamentaux du label bio, la qualité, le goût et les bienfaits du bio. Pour Loïc Guines, président de l’agence Bio, « sans soutien de la demande de bio, on prend le risque décourager tous ceux qui souhaitent s’installer en bio et donc de voir décroitre la production bio en France. On peut agir. Le marché du bio sera ce que l’on en fera, notamment en stimulant régulièrement la demande ».

Rappelons qu’à ce titre, au mois de décembre 2022 à l’occasion des Assises de l’agriculture et de l’alimentation biologique, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, avait annoncé le financement d’une nouvelle campagne de promotion autour de la bio, grâce à une nouvelle enveloppe de 750 000 euros. Du côté des aides agricoles, et face à la crise que traverse le secteur, Elisabeth Borne avait annoncé une aide de l’État d’un montant de 10 millions d’euros à destination des fermes biologiques. Une initiative jugée largement insuffisante par les principales fédérations de la bio, mais aussi par le nouveau président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.

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François Deschamps
Rédacteur en chef de Plan Bio

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